Salmonella enterica chez les bovins en Algérie

Abstract

Chez les bovins, de nombreux sérotypes de Salmonella enterica sont responsables d'une grande variété de manifestations cliniques, qui peuvent entraîner des pertes économiques considérables. Certains sérotypes peuvent provoquer des avortements sporadiques chez les vaches, comme le sérotype Dublin. Afin d’éclairer l’épidémiologie de la salmonellose bovine et plus particulièrement celle engendrée par le sérotype Dublin en Algérie, nous avons mené une étude dans différentes exploitations bovines de la région de Khenchela et d’Alger. La prévalence de la salmonellose bovine dans la région de Khenchela a été établie d’une part après une analyse bactériologique de 307 prélèvements de matières fécales de bovins appartenant à 39 fermes différentes. Et d’autre part, par analyse immunologique de 256 prélèvements individuels de lait. Quant à la région d’Alger, la prévalence a été établie après analyse bactériologique de 184 prélèvements de matières fécales de bovins appartenant à 19 fermes différentes et par analyse immunologique de 91 prélèvements individuels de lait. Les résultats bactériologiques selon la méthode de référence NF U 47-100 ont montré une prévalence de (0,97% et 7.6% % ) de Salmonella spp. et (0% et 2,7%) de S. Dublin dans la région de Khenchela et d’Alger respectivement.Les trois salmonelles sérotypés dans la région de Khenchela étaient S. Mbandaka. La technique de diffusion sur le milieu de Mueller Hinton montre que toutes les souches isolées du S. Mbanadaka sont à 100% résistantes à la cefazoline, cefoxitine, kanamycine, gentamicine, Amikacine et netilmicine. Cependant, le modèle de régression logistique indique qu’aucun des facteurs testés ne s’est révélé significativement associé à la séropositivité vis-à-vis deSalmonella spp. dans les matières fécales de vaches (p > 0,05) L’analyse immunologique du lait dans la région d’Alger par la technique ELISA a mis en évidence une prévalence de 13.18% (IC 95% 5% - 20%). Quant à la région de Khenchela, l’analyse du lait a révélé une prévalence de 36,33% (IC 95% 30.44 - 42.22 %) pour S. Dublin. L’étude de l’association entre la séropositivité vis-à-vis de S. Dublin dans le lait et les différents facteurs étudiés ainsi que le modèle final de régression logistique ont défini la variable de la race (OR = 15,66, IC : 1,679 - 146,15), la région (OR = 0,027 (IC 95% 0,003 - 0,256) et l’introduction de nouveaux animaux achetés dans la ferme (OR = 0,06 (IC : 0,008 - 0,510) significativement associées à l’infection par S. Dublin. L’étude comparative entre les résultats immunologiques du lait et bactériologiques des matières fécales a montré une très faible concordance entre les deux tests. Le dosage immunoenzymatique étant significativement plus sensible que le test bactériologique (p <0,05) Une étude cas-témoins a été réalisée pour mettre en évidence un lien entre la positivité à S. Dublin en fonction de l’étude immunologique et l'avortement chez les vaches. Les résultats ont montré l’absence d’une d’association entre la séropositivité à S. Dublin dans le lait et les avortements dans les exploitations étudiées dans la wilaya de Khenchela. Par ailleurs, les résultats de l'étude n'ont pas démontré une association claire entre la détection bactériologique de S. Dublin dans les fèces et l'avortement chez les vaches de la région d’Alger (OR = 8,66 : 95% CI 0,58-130,12). Toutefois, l'analyse immunologique du lait pour S. Dublin a révélé une association positive significative (OR = 62,33 : 95% CI 2,13-18,22) entre une réponse en anticorps positive à S. Dublin dans le lait et la présence d'avortements dans les fermes de la régiond’Alger . Au vu de tous ces résultats obtenus, nous pouvons conclure que S. Dublin circule dans des élevages bovins en Algérie provoquant ainsi des avortements chez les vaches et par conséquent des pertes économiques importantes. De ce fait, Salmonella devrait figurer systématiquement dans le diagnostic différentiel des avortements en Algérie. En outre, nous recommandons la mise en œuvre de pratiques d'hygiène et de mesures de biosécurité dans les fermes afin de réduire la propagation de l'infection et le recours à la vaccination chez les animaux et les personnes à risque.