Diagnostic et épidémio-surveillance des avortements d'origine infectieuse chez la vache dans la région d'Alger

Abstract

Les avortements chez la vache sont responsables de pertes économiques importantes pour les éleveurs. Les causes infectieuses (virus, bactéries, parasites…) sont responsables de plus de la moitié de ces avortements dans le monde. Ce projet de thèse vise à étudier la situation des avortements dans les fermes de bovins laitiers de la région d’Alger. Ils’agit de réaliser une enquête épidémiologique sur base d’un questionnaire afin de séparer les fermes cas (vaches ayant avorté) des fermes témoins (vaches n’ayant jamais avorté) et ensuite de réaliser différents prélèvements sur un échantillon représentatif pour une mise en évidence éventuelle de différents agents infectieux ( Neospora caninum, Tritrichomonas fœtus, bovine herpes virus 1, bovine herpes virus 4, BVD virus, Brucella abortus, Salmonella entericaSerovar dublin, Leptospira interrogans serovarhardjo, Listeria monocytogenes, Campylobacter fetus, Coxiella burnetii, Chlamydophila abortus)pouvant être à l’origine des avortements. Un total de 360 vaches (278 n’ayant pas avorté et 82 ayant avorté) a été analysé afin de les identifier.La prévalence variait de 0% pour Tritrichomonas fœtus à 15% pour Neospora caninum. En outre, une étude cas-témoin a été menée pour rechercher une association entre la présence du pathogène et l’existence d’avortement chez les vaches. Les odds ratios calculés ont été significatifs pour bovine herpes virus 4, BVD virus, Brucella abortus, Salmonella dublin, Leptospira interrogans serovar hardjo et Coxiella burnetii. Dans la présente étude, l’histologie et l’immunohistochimie ont été appliquées pour le diagnostic d’une éventuelle infection fœtale. Six avortons bovins ont été collectés et examinés. Les organes prélevés étaient, le cerveau, le cœur et le foie. Un avorton sur les six prélevés s’est montré positif à l’histopathologie (16,66%). Nous avons noté des lésions microscopiques au niveau du cerveau consistant en une encéphalite non suppurée multifocale ainsi que des foyers nécrotiques entourés par un bord de cellules inflammatoires microgliales et mononucléées. Une myocardite focale ou diffuse et une nécrose hépato-cellulaire des infiltrats inflammatoires mononucléaires ont été également observées chez le même fœtus. Les lésions observées étaient compatibles avec l’infection à N. caninum notamment dans le cerveau.L’immunohistochimie a révélé dans le cerveau des antigènes de N. caninum situés généralement dans des foyers d'encéphalite, indépendamment de la présence de nécrose. Un kyste à bradyzoïte de Neospora caninum, sans lésions associées, a aussi été identifié ainsi que des tachyzoïtes isolés ou en grappes. Dans le myocarde, les tachyzoïtes de Neospora caninum ont été identifiés, principalement à l’intérieur des fibres du myocarde associé à des infiltrats ou à des zones de nécrose. Dans le foie, des tachyzoïtes de N. caninum, isolés ou en grappes, ont été également identifies. En conclusion, ce travail suggère que l’impact des agents infectieux en termes d’avortements au sein du cheptel bovin laitier est non négligeable dans la région d’Alger et indique que N. caninum doit être considéré comme une cause importante d'avortement.