Recherche et caractérisation des souches d'Escherichia coli O157 isolées à partir des carcasses ovines provenant de deux abattoirs de la wilayas d'Alger et évaluation du niveau d'hygiène

Abstract

Depuis leur première description, les souches d’Escherichia coli O157 :H7 et autres E. coli entérohémorragiques (EHEC) sont connues pour être les principaux agents infectieux responsables des diarrhées hémorragiques. Ces E. coli produisent une ou plusieurs Shiga-toxine (Stx) d’où leurs nom E. coli producing Shiga-toxine (STEC). Entre 5 et 10% des personnes infectées, particulièrement les jeunes enfants et les personnes âgées développent une complication sévère, le syndrome hémolytique et urémique (SHU). Ce syndrome est caractérisé par une anémie, une thrombopénie et une insuffisance rénale aigue, avec un taux de létalité compris entre 2 et 7% et des séquelles à long terme comme des lésions rénales (insuffisance rénale chronique). Les bovins et autres ruminants représentent le réservoir principal des STEC et de nombreuses épidémies ont été associées à la consommation de la viande de boeuf et au lait cru. La présente étude a eu pour objectif de rechercher les STEC O157 :H7 à partir de carcasses ovines au niveau de deux abattoirs de la wilaya d’Alger (Rouiba et El Harrach), de confirmer leur virulence, et de tester leur sensibilité aux antibiotiques. Au cours de la même étude, un dénombrement des germes indicateurs d’hygiène a été réalisé. Cent cinquante et une (151) carcasses ovines ont été écouvillonnées par une méthode non destructive reposant sur le double écouvillonnage (humide/sec). L’isolement d’E. coli O157 :H7 a nécessité une étape d’enrichissement non sélectif suivie d’une étape d’immuno-concentration des bactéries par la technique de séparation immuno-magnétique (IMS), puis un isolement des bactéries sur gélose CT-SMAC. La présence de l’antigène somatique O157 et de l’antigène flagellaire H7 à partir des colonies suspectes isolées a été confirmée par le test d’agglutination au latex anti-O157 et celui de l’antisérum H7. La confirmation de la virulence des souches d’E. coli O157 :H7 isolées a été obtenue par amplification génique (PCR). Le dénombrement des Escherichia coli et des coliformes thermotolérants a été réalisé respectivement sur gélose Rapid E. coli 2 et sur bouillon lactosé bilié au vert brillant. La présence des Escherichia coli O157 :H7 a été mise en évidence sur onze carcasses ovines sur les 151 testées soit une prévalence de 7,26 %. Neuf provenaient de l’abattoir d’El Harrach et deux de l’abattoir de Rouiba. A partir des onze carcasses positives, treize souches d’E .coli O157 :H7 ont été isolées : dix souches sont sorbitol et β-glucuronidase négatives et trois souches sont sorbitol et β-glucuronidase positives. Parmi elles, quatre souches présentent le pathotype eae stx2 ehxA, une souche le pathotype eae stx1 ehxA, une souche le pathotype eae ehxA stx-, trois souches le pathotype eae stx2, et trois souches le pathotype eae- stx2. Seule une souche ne possède aucun gène codant pour les facteurs de virulence. Trois souches sont résistantes à la tétracycline, une souche aux furanes et une souche à la fois aux furanes et à la tétracycline. Huit souches sont sensibles à l’ensemble des antibiotiques testés. Les résultats des dénombrements des E. coli et des coliformes thermotolérants réalisés sur cinquante carcasses ovines abattus au niveau de l’abattoir d’EL Harrach, plus important en nombre d’abattages, ont montré de mauvaises pratiques d’abattage- habillage dans cet abattoir. La présence de STEC O157 :H7 potentiellement pathogènes a été confirmée au niveau des carcasses ovines produites dans les abattoirs de la région d’Alger, ce qui présente un danger pour le consommateur. De ce fait, des mesures correctives ainsi que la mise en place de plans de surveillance des agents pathogènes au niveau du secteur de la production des viandes sont recommandées.