Caractérisation et gestion des principales ressources génétiques caprines locales en Algérie : cas de la région de Laghouat

Abstract

Le but du sujet de cette thèse est de mettre à la disposition des éleveurs, des chercheurs et de l’état une description fiable sur les ressources génétiques caprines locales dans une région semi-aride de l’Algérie, qui est Laghouat. Il servirait à la mise en place d’un programme de conservation, de sélection et d’amélioration génétique durable et efficace. Le travail comporte quatre études. Etude 1 Afin d’étudier les pratiques de l’élevage caprin et d'établir une classification des troupeaux, une enquête a été menée auprès de 106 éleveurs caprins dans la région de Laghouat. Deux races indigènes ont été rencontrées dans cette étude : la Arabia (la plus dominante) et la Mekatia. Les résultats montrent que les éleveurs choisissent les animaux destinés à la reproduction dans un but de générer plus de revenus en espèces à partir de la vente de produits. La chaîne de commercialisation du lait de chèvre semble faible. Le lait produit est principalement utilisé pour la consommation familiale. Une analyse multivariée a classé l'élevage caprin de la région de Laghouat en trois groupes correspondant à trois systèmes d'exploitation différents: le groupe 1 (système pastoral), le groupe 2 (système mixte agriculture-élevage) et le groupe 3 (petits troupeaux en zéro pâturage). L’étude approfondie des objectifs et des contextes de l'élevage caprin à Laghouat permettra aux décideurs de concevoir des stratégiespour le développement durable de l'élevage caprin dans la région. Etude 2 Cette étude vise dans une première partie à caractériser phénotypiquement deux races caprines locales dans la région de Laghouat (Algérie) et d’évaluer l’effet de l’âge et du sexe sur les caractéristiques morpho-biométriques, et dans une deuxième partie de vérifier l’homogénéité de la chèvre Arabia à travers l’analyse multivariée. Dans la 1ère partie, un total de 312 animaux a été utilisé: 58 femelles de race Mekatia et 254 de race Arabia (44 mâles et 210 femelles). Dans la 2ème partie, 111 femelles Arabia âgées de trois ans ou plus ont été utilisées. Les résultats montrent que les poils de type court (96,55%) caractérisent la race Mekatia et les poils de type long (100% pour les mâles et 92,38% pour les femelles) la race Arabia. La majorité des animaux des deux races sont multicolores (≥3 couleurs). Les oreilles semi-pendantes apparaissent surtout chez la chèvre Mekatia(48,28%) alors que chez la race Arabia ce sont les oreilles pendantes qui dominent (79,55% et 75,72% pour les mâles et les femelles respectivement). Concernant les caractères quantitatifs, les deux races ont été classées comme larges. L’effet de l’âge était significatif pour plus de la moitié des mesures avec en général une augmentation de la taille avec l’âge des animaux (p˂0,05). Le dimorphisme sexuel était également significatif (p˂0,05) pour toutes les mesures, à l’exception de deux caractères (longueur des oreilles et largeur aux ischions). L’Analyse en Composantes Principales (ACP) sur 14 variables quantitatives,menée dans la 2ème partie de l’étude, a permis de classer la population Arabia en trois groupes qui diffèrent significativement (p˂0,05) sur le plan statistique : le groupe 1 (n=30; 27,03% du total) est constitué par les chèvres les plus petites, le groupe 2 (n=56; 50,45% du total) se caractérise par des valeurs correspondants à la longueur du corps, à la hauteur au garrot et au tour de poitrine les plus élevés et enfin le groupe 3 (n=25; 22,52% du total) caractérisé par des mesures de largeur et de tour de canon les plus importantes.Les résultats de cette étude peuvent servir de base à la description et à la standardisation des races caprines, Mekatia et Arabia,dans la région de Laghouat en Algérie. Etude 3 Cette étude vise à déterminer d’une part la composition chimique et estimer la valeur nutritive énergétique (UFL) de quelques plantes steppiques communément consommées par les chèvres Arabia dans la zone de Tadjmout à Laghouat. D’autre part, de déterminer leurs effets sur les caractéristiques physico-chimiques du lait cru produit par les chèvres en début de leur lactation. L’étude s’est déroulée en deux parties ; la première partie a consisté à réaliserdes analyses fourragères sur 14 plantes steppiques, un fourrage cultivé et 2 aliments complémentaires, aussi, la valeur énergétique a été calculée afin d’estimer l’apport énergétique de la ration consommée. Dans la deuxième partie, le lait de neuf chèvres a été collecté à raison d’un prélèvement tous les 15jours depuis la mise-bas jusqu’au 90ème jour du post-partum et a été analysé. Lesrésultats montrent une diversité floristique (Neuf familles recensées). 10 plantes steppiques sur un total de 14 étaient lesplus riches, elles ont présenté une bonne valeur énergétique (>1UFL/kg de MS) et un taux de MAT élevé (104 à 303,9 g/Kg de MS). Cependant, l’estimation de la quantité de l’énergie totale fournie par les différentsaliments consommés (steppiques, cultivé et complémentaires) était égale à 1,62 UFL/jour ce qui ne permet de fournir, selon les tables de l’INRA, que 2 kg de lait. Ce déficit énergétique de la ration s’est bien manifesté à travers les résultats des analyses physico-chimiques du lait, en effet, les valeurs enregistrées pour le TP étaient faibles et le TB était variable en fonction du moment de prélèvement du lait. Ce dernier a donc permis d’estimer le pic de lactation au premier mois dupost-partum (valeur minimale du TB enregistrée à cette période était égale 3,07%). L’estimation de l’effet de l’alimentation sur la qualité du lait de chèvre locale à Laghouat, est une première investigation qui mérite d’être poursuivie sur des effectifs plus importants, durant toute la période de lactation tout en considérant les facteurs pouvant affecter la quantité et la qualité du lait notamment la saison et l’alimentation afin de déterminer le vrai potentiel génétique de la chèvre Arabia pour la production laitière. Etude 4 L’objectif de l’étude 4 était d’étudier la prévalence des parasites digestifs dans certains élevages caprins de la région de Laghouat et de déterminer l’effet de certains facteurs liés à l’animal ou à l’éleveur sur ce taux.Un échantillon de 97 individus a été utilisé dans cette étude qui s’est déroulée durant les mois de Février et Mars 2018. 97 échantillons de matières fécales ont été prélevés dans 11 élevages et ont subi un examen coprologique. Sur les 97 caprins étudiés, 31étaient infestés, soit une prévalence générale de 31,96%. Cette étude a permis aussi d’identifier trois familles de parasites, la famille des coccidies représentée par deux genres : Eimeriaspp (9,28%) et Cryptosporidiumspp (25,77%), la famille des nématodes représentée par trois genres : Nematodirusspp (4,12%), Trichurisspp (2,06%) et Cooperiaspp (1,03%), et enfin la famille des trématodes représentée par un seul genre : Fasciolahepatica (1,03%).Les facteurs liés à l’animal (âge, sexe et race) n’avaient aucun effet significatif sur la prévalence générale, alors que le facteur mode d’élevage a révélé un effet significatif (p˂0,05) avec plus d’infestation pour les animaux de race Arabia élevés en mode extensif. Enfin, il serait intéressant d’approfondir cette étude en élargissant l’échantillon et en rajoutant l’effet de la saison sur l’évolution du taux de parasitisme.