La leishmaniose canine à Bouira et Sétif : étude séro-épidemiologique et mise en évidence de la relation vecteur phlébotome-réservoir canin.

Abstract

La leishmaniose est une maladie parasitaire largement répandue dans le monde. En l'absence de prophylaxie et de traitement adéquats le taux de létalité est souvent élevé. Ce dernier s'observe surtout dans les pays pauvres où la maitrise de la lutte anti vectorielle est précaire souvent couplée à un diagnostic tardif ou inexistant. Les objectifs de l'étude séro-épidémio-clinique de la leishmaniose canine menée à Bouira et Sétif (Algérie) étaient d'estimer la séroprévalence et de décrire les caractéristiques épidémiologiques et cliniques de la maladie. Pour ce faire, une étude sérologique transversale a été menée. Deux techniques sérologiques ont été utilisées, l'IFI et la RIM™ (kits Witness® Leishmania). Enfin une analyse de la composition du peuplement phlébotomien a été réalisée. Les résultats ont montré une séroprévalence totale de 69.17 et 62.5 % par IFI et test rapide, respectivement. L'âge, la race et le sexe n'ont pas influencé le développement de l'infection, l'activité du chien non plus. Cependant, La séropositivité varie en fonction de l'origine géographique du chien, la présence des signes cliniques mais aussi en fonction de la présence d'autres maladies. L'étude clinique a fait ressortir des signes caractéristiques de la leishmaniose, les plus fréquemment observées étaient la dépilation, l'amaigrissement, l'onychogryphose et l'abattement. Le portage asymptomatique a été évalué à près de 32.5% des cas. L'examen clinique s'est montré faible pour diagnostiquer la leishmaniose (Se=67%, Sp=16%) et son accord avec l'IFI n'est que moyen (K=0.49). Le test Witness® Leishmania semble avoir une très bonne spécificité (100%), une sensibilité de 90% et un excellent accord avec l'IFI (K=0.84). L'inventaire de la faune phlébotomienne a permis d'identifier, sur 2004 spécimens capturés à Bougaa (Sétif) par des pièges lumineux, quatre espèces de phlébotomes. Une prédominance nette de P. perniciosus (90.37%) vecteur de la leishmaniose viscérale, suivi par P. perfiliewi (6.74%) puis P. longicuspis (1.95%) et en fin P. ariasi (0.95%) avec une sex-ratio de 1.67 en faveur des mâles. Toutes ces espèces peuvent être incriminées dans la transmission de la leishmaniose aux animaux et aux humains, par conséquent, un programme national de lutte contre la leishmaniose devrait être mis en place immédiatement dans ce foyer.