Epidemiologie analytique et descriptive des diarrhées néonatales du veau dans la region centre de l’Algerie

Abstract

Les diarrhées néonatales du veau représentent l’une des entités pathologiques les plus graves et les plus coûteuses en élevage bovin « laitier-allaitant ». L’incidence moyenne estimée des diarrhées néonatales du veau en Algérie, varie selon les auteurs entre 31,7% et 64%. (Dadda A .,2014 ; Boussena S, Sfakssi A.,2009). Les objectifs de cette étude étaient, de décrire l’épidémiologie des diarrhées néonatales du jeune veau au niveau des wilayas du centre de l’Algérie ainsi que les agents pathogènes qui y sont associés. Mesurer et tester par la suite de façon fiable, les facteurs de risque liés à cette pathologie en utilisant modèle de risque proportionnel de Cox « analyse de survie ». Ceci, dans le but d’en tirer des recommandations pratiques pour les éleveurs. Enfin, nous avons évalué la méthode de coloration coprologique de ziehl Neelsen modifié par Pohlenz et Henriksen par rapport à l’ELISA direct pour le diagnostic des cryptosporidies. Cela, a été réalisé en traçant la courbe de ROC (de l'anglais Receiver Operating Characteristic). Cette dernière, nous a permis d’estimer l’indice de l'aire sous la courbe qui nous a autorisé ainsi un jugement de modèle testé. Pour ce faire, nous avons choisi de mener deux types d’enquêtes épidémiologiques ; la première était une enquête épidémiologique prospective longitudinale analytique sur une cohorte dynamique « 280 veaux », la deuxième constituait une étude épidémiologique transversale descriptive couvrant pratiquement 160 veaux. Ceux-ci ont été accomplis sur 29 élevages bovins situés au niveau des régions ; Bechloule, Elsnam, Ahl Alksar, « Bouira », Tizi Rached, Freha, Azazga, Draa Ben Khedda « Tizi-Ouzou », Derguana « Alger », Mouzaia « Blida », Kolea « Tipaza ». La période du suivi a couvert la saison des vêlages entre décembre 2016 et Mai 2017. A la lumière de notre étude, nous avons trouvé une prévalence moyenne de diarrhées néonatales de 29,64% avec un IC à 95% [24,29 - 34,99]. La mortalité a été de l’ordre de 13% avec un IC à 95% [9,24-17,18]. Les résultats obtenus nous ont permis de décrire et de comprendre l’apparition des diarrhées chez le jeune veau en fonction de l’âge et de la saison de naissance. A titre d’exemple, le risque de diarrhées a été 2,95 fois avec p<0,05 plus important au mois décembre par rapport au mois de mars et 1,75 fois avec p<0,05 plus élevé par rapport au mois d’avril. Nous avons également noté que les nouveau-nés sont plus vulnérables pendant les premiers jours de leur vie notamment le 3éme jour. La majorité des diarrhées néonatales du veau, mêmes associés à la mortalité ont été observées pendant la première semaine d’âge. L’analyse de survie nous a permis de décrire 11 facteurs de risque associés tant aux veaux nouveau né, que leurs mères. Nous avons estimé l’effet de nouveaux facteurs de risque qui n’étaient pas quantifiés ou rapportés auparavant (le mois de naissance, la durée de tarissement et la mammite au péripartum). Par ailleurs, nous avons confirmé l’importance et le rôle des agents pathogènes et leur évolution dans le temps. Les analyses parasitologiques et microbiologiques confirment la forte présence des 6 agents infectant dans de nombreux élevages. En effet, cryptosporidium spp a été retrouvée chez 6% des veaux, Giardia spp a été le plus fréquemment rencontré avec 18% des cas alors que les coccidies ont été moins souvent présentes. Quant aux autres agents infectieux, nous n’avons rapporté aucun cas de coronavirus, par contre nous avons signalé un seul cas de rotavirus à l’âge de 75 jour ainsi que 6 cas d’Escherichia coli K99 isolaient tardivement à partir du 45éme jour de naissance avec une fréquence relativement élevé entre 77 et 90 jours. En outre, nous avons réussi à fournir une estimation chiffrée et fiable de l’association entre la présence d’un de ces pathogènes et le risque relatif d’apparition des diarrhées. Les résultats obtenus en ce qui concerne l’évaluation de la technique coproscopique « Ziehl-Neelsen modifié par Pohlenz et Henriksen » par rapport au test de référence « Elisa direct ». Ceux-ci dans le but de diagnostiquer les cryptosporidies. Ces résultats nous ont montré que la technique coproscopique est une technique fiable avec un AUC (Area Under the Curve) = 0,707, 50% de sensibilité et 91,5% de spécificité.