La leptospirose chez les bovins dans la région de Sétif : diagnostic, épidémiologie et contrôle

Abstract

La leptospirose est une maladie infectieuse, zoonotique à distribution mondiale. Elle est classée comme maladie émergente et réémergente responsable de lourdes pertes, tant sur le plan économique que sur la santé humaine et animale. À ce jour, peu d’informations sur la leptospirose bovine sont disponibles en Algérie. Le présent travail s’est donné comme objectif principal, d’apporter une contribution originale à la connaissance de l’infection par Leptospira chez le bovin dans la région de Sétif ainsi que des facteurs de risque associés. Pour cela, 406 sérums bovins appartenant à 48 fermes différentes ont été prélevés, d’une façon aléatoire, durant une période allant de 2015 à 2019. Les sérums ont subi des analyses sérologiques, d’une part, par le test MAT, permettant de révéler la prévalence de 8 sérovars deLeptospira spp., en utilisant une agglutination de 50%, à une dilution ≥1 :100 comme seuil de positivité. D’autre part, un test ELISA Indirect commercial a été utilisé afin de déterminer la séroprévalence vis-à-vis de L. interrogans sérovar Hardjo. Les résultats obtenus ont indiqué qu’un total de 170/408 bovins se sont révélés positifs par le test MAT à un ou plusieurs sérovars de Leptospira spp., soit une séroprévalence de 41,87% (IC 95% 33.07-46.67%). Le taux de positivité au niveau des fermes s’élève à 89.58% (IC 95%80.94-98.23%) soit 43 fermes +/48. Le sérovar de Leptospira le plus prévalent a été Patoc (32.75 %) pour l’espèce Leptospira biflexa, suivi des sérovars de Leptospira interrogans : Icterohaemorrhagiae (7.14%) et Hardjo (6.89%) et Canicola (4.43 %), enfin, le sérovar le moins présent était Autumnalis (0,74%). La séroprévalence de L. interrogans sérovar Hardjo obtenue par le test ELISA, était de 31,25% (15/48) (IC 95% 19,95-45,33%) au niveau des fermes et de 5,42% (22/406) (IC 95% 3,61-8,07%) au niveau individuel. La comparaison entre les deux méthodes sérologiques, en considérant le MAT comme test de référence, a montré que le kit ELISA PrioCHeck présentait une sensibilité de 57.1% (IC 95% 38.8-75.5%), une spécificité de 98.4% (IC 95% 97.2-99.7%) et une exactitude de 95.6% (IC 95% 93.6-97.6%) et le kappa était de 0,62. Des informations relatives aux caractéristiques individuelles des animaux ainsi qu’aux pratiques d’élevage ont été recueillies pour étudier les facteurs de risque associés aux infections leptospirosiques. L’analyse par régression logistique multivariable a montré que les bovins s’abreuvant des rivières ont un risque d’exposition plus faible à Leptospira spp. (OR 0,51 IC 95% 0,32-0,82%), que les animaux dont la tranche d’âge est comprise entre 3 et 6 ans sont les plus exposés (OR = 9,25 IC 95% 1,19-71,47%) et que la taille du troupeau > 20 têtes (OR = 13,65 IC 95% 1,58-117,7%) et le système semi-intensif (OR = 0,21 IC 95% 0,06-0,82%) semblent avoir une association statistiquement significative avec la séropositivité à Leptospira interrogans sérovar Hardjo (P<0,05). Enfin, l’étude épidémiologique de type cas-témoin n’a montré aucune association significative entre la positivité vis-à-vis de L. interrogans sérovar Hardjo et les avortements présents dans les fermes ou encore avec les vaches ayant avorté. En conclusion, les séroprévalences obtenues vis-à-vis des différents sérovars de Leptospira notamment le sérovar Hardjo, indiquent que ces derniers sont largement distribués dans la région de Sétif et sévissent probablement sous forme d’enzootie instable.