Caractérisation de Staphylococcus aureus isolé de mammites et impact sur les personnes à risque

Abstract

Pour caractériser la dynamique de Staphylococcus aureus dans le milieu de l’élevage, 32 cheptels bovins disposant de 5 à 25 vaches laitières, et 129 professionnels incluant les éleveurs, les vétérinaires et les ouvriers des abattoirs ont été retenus dans nos enquêtes. Parallèlement à une enquête de questionnaire, la recherche des cas de mammites a été réalisée systématiquement sur toutes les vaches en lactation soit cliniquement ou par le CMT. L’isolement de S. aureus a été effectué sur les échantillons de lait mammiteux et les écouvillons nasals issus des professionnels. Les souches dérivées de la culture ont été caractérisées initialement par les tests de sensibilité aux antibiotiques puis par la recherche des gènes gyrA, mecA, mecC. Enfin, le typage agr, le spa-typing et le typage par les puces à ADN ont servi à déterminer la phylogénie des souches bovines et humaines. Nos résultats montrent que la mammite reste une pathologie dominante dans l’élevage bovin. Nous avons enregistré en effet, à l’échelle troupeau, individu et quartier des prévalences de 96,8% 531/32), 52,2% (116/222) et 24,5% (218/888) respectivement. L’impact économique se justifie par le déficit apparent causé par l’atrophie des quartiers (1,2%), de l’atteinte clinique (3,2% des quartiers), en plus du fardeau des pertes occultes liées aux mammites subcliniques (21,3% des quartiers). S. aureus colonise 38% des professionnels dépistés alors qu’il est responsable de 29,8% (65/218) des atteintes des quartiers, et ce avec un haut risque pendant les deux premiers mois de lactation, chez les vaches allaitantes élevées en promiscuité étroite avec leurs veaux. Quatre professionnels sains (3,1%) étaient colonisés par le SARM dont deux CC80, alors que les isolats dérivés des mammites bovines étaient tous sensibles à la méticilline. Au regard des mammites, bien que les complexes clonaux : CC479, CC705, CC1, CC5, CC8, CC25 et CC188 soient décrits, la majorité des génotypes de S. aureus se rattachent principalement aux lignées CC97 et CC22. En effet, de multiples types-de-spa constituent le CC97 alors que seulement t223 compose le CC22. La diversité intra-cheptel, inter-quartier et même intra-quartier des génotypes, pourrait justifier que les infections intra-mammaires à S. aureus ne sont pas entièrement et automatiquement le résultat d’une transmission d’une vache à l’autre. Par ailleurs, le génotype t223 (CC22) a été détecté aussi bien chez les vaches (27/67 des souches) que chez les professionnels (7/50 des souches). En termes de spécificité d’hôte, les gènes sak, scn et chp marqueurs spécifiques des souches humaines et une tst1 humaine ont été révélés chez tous les génotypes t223 humains et bovins. Ces résultats plaident en faveur de la considération de l’impact du transfert anthropo-zoonotique des agents pathogènes en industrie agricole pour agir en conséquence.